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Deux vidéos témoignent de la manière dont Éléna Salah a appréhendé l’espace du Cretto et veut nous le transmettre. L'une des deux vidéo découpe les lieux et énumère de manière méthodique les protagonistes, coupable ou innocent, propriétaire, augures, survivants, touristes. L’œuvre débute par l’image plein cadre d’un plâtre décapité, le masque tombe, le corps est vide, puis le tombeau se remplit d’images pour informer, conforter, accumuler les indices et les signes, à la manière d’une enquête visant à fixer nos mémoires. La fiction est consolatrice, elle replace dans une mémoire collective et pérennise le souvenir. Pourtant elle parle aussi du scandale de l’expérience de la mort. Le film se termine avec à nouveau l’image du gisant mutilé, cette fois mis en scène sur un des pans blancs du Cretto, comme un paradoxe et un mystère, ramenant la sculpture monumentale à une potentielle matrice d’images et de symboles.

​La seconde vidéo, répond au temps de la représentation pour celui de la vie. Éléna Salah longe le périmètre du monument et filme au rythme de sa marche sans rien rendre visible. En bordant le périmètre, elle dessine un infini, elle longe la surface de la nécropole et par les vertus de l’anneau s’autorise à glisser du réel au rêve, du corps à l’incorporel. Il s’agit d’être présente et de rendre présente cette profondeur vide du paysage. En hommage aux victimes et en communion avec le lieu, elle accomplit un rituel. À chaque pas, elle gagne de la distance, celle du monde et de son espacement. L’expérience artistique est minimale, le tracé révélateur, le mouvement lent, le regard une composante du sacré. Par nature le rite provoque une rupture qui permet de sortir du quotidien, d’être touché et d’extérioriser une forme d’intimité, développant à la fois un pouvoir d’intériorité et de dépassement.

Dans cet intervalle entre passé et futur l’artiste peut faire face, rendre l’image à la liberté du geste, c’est-à-dire ni produire, ni agir mais assumer, supporter. Le vécu du présent fait obstacle à la menace à venir d’effondrement.
Céline Mélissent - Frac Occitanie Montpellier

Le Périmètre d'une Mémoire

Dyptique vidéos HD, son, 36’05’’, 2018-2019

Projet artistique sur le site El Grande Cretto d'Alberto Burri, ville de Gibellina, en Sicile.

​Découvert en 2008, une orientation particulière dans mon travail s’est portée sur la vallée du Belice en Sicile, dans ce rapport nature/société, s’appuyant sur le tremblement de terre de 1968 et l’oeuvre El Grande Cretto d’Alberto Burri.

En 2018, grâce à une Aide Individuelle à la Création de la Drac Occitanie, je retourne sur le site du Cretto et de la ville de Porgioreale réaliser un projet artistique.

Sicile

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