Éléna Salah
Ces photographies présentent les failles de l’histoire du site du Cretto. L’effondrement du mémorial dévoile les ruines enfouies avec La Fougère, cette plante primitive. Le Pli montre la maladresse faite dans le raccord des deux zones dont l’une est historique et l’autre aménagée.
Gibellina, ville à 80km de Palerme en Sicile a subi en 1968 un important séisme, dont elle en a été l’épicentre. Les autres villes de la vallée du Belice, sont elles aussi fortement touchées. La ville construite en pierre de tuf volcanique ne résiste pas à l’événement. Seuls certains bâtiments, plus récents en béton armé, ainsi que le cimetière excentré, survivent à la catastrophe. La reconstruction de la ville sur le site même n’ayant pas de sens face au devoir de mémoire, il fut décidé de construire une nouvelle ville, Gibellina Nuova, à 20km de l’ancienne.
Mandaté par le maire pour réaliser une œuvre en mémoire, Alberto Burri, un des artistes italiens de l’après-guerre les plus radicaux, ne souhaitait pas travailler avec les ruines mais sur les ruines elles-mêmes. Il décida donc de les ensevelir en les recouvrant de béton à hauteur d’un mètre soixante environ en laissant les rues libres. Le plan de la ville étant remanié par l’artiste, nous avons la sensation de déambuler dans un labyrinthe lunaire posé à flan de colline. El Grande Cretto ne fut jamais terminé par manque d’argent avant la mort de l’artiste ; cette œuvre resta inachevée. En 2015, la ville bénéficie d’un fond budgétaire européen afin de terminer le concept de l’artiste. Cette nouvelle partie, ne recouvre aucune ruine et tranche avec l’ancienne, aussi bien par sa couleur blanche que dans le fond.