Éléna Salah
Eléna Salah réfléchit l’image comme une sculpture. Elle recherche, travaille, crée en lien avec un territoire dont elle explore et révèle la biodiversité invisible. Sensible au devenir des territoires en danger, c’est dans le cadre de l’exposition « Au bord des paysages » qu’elle nous convie à l’observation de la chauve-souris
adaptée à son habitat et son environnement. C’est dans ce paradoxe que l’oeuvre photographique en quête de lumière s’adapte à un lieu où prédomine l’obscurité.
Elle a restitué l’empreinte photosensible des chauves-souris, ce qui n’est pas la moindre de ses questions telle qu’elle se l’est posée en ses termes : « Comment photographier cette espèce tout en gardant l’imaginaire et la fugacité de leur présence ? Quelles empreintes photosensibles les chauves-souris peuvent-elles émaner ? Sont- elles sensibles à la lumière inactinique ou la lumière rouge utilisée en laboratoire photographique ? La température de leur corps fait un véritable écart entre 7° et 40° au moment de leur hibernation, ce qui par l’image thermique imagine une réponse plastique. C’est dans une recherche par l’imagerie nocturne que se réaliseront mes photographies». Grâce à une technique de surexposition en temps de pause long et par l’utilisation de l’ultraviolet ou lumière noire, de l’infra rouge, d’un éclairage inactinique* qui permet d’apporter suffisamment de lumière sans altérer le sujet de la prise photographique, elle a su photographier des animaux habituellement plongés dans le noir
et dont on ne peut deviner que la présence sur les parois calcaires des grottes explorées.
Sa préparation lui permet d’exercer sa tâche en respectant la position de sensibilité et de fragilité de l’animal, la chauve –souris, qui devient le sujet de son projet artistique. Sa sensibilité à la lumière questionne le rapport d’Éléna Salah, à la photographie, qui signifie « écrire avec la lumière ».
Philippe Marechal